Hershey, le chocolat

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Modérateur: Relmax62

Hershey, le chocolat

Messagepar acmacm » 01 Juil 2016, 12:00

De "le Monde" du 1er juillet 2016

Les chocolats Hershey’s se refusent à l’appétit de Mondelez
LE MONDE ECONOMIE
Le 1 juillet 2016 à 11h46
Mis à jour le 1 juillet 2016 à 11h46

Le confiseur américain a rejeté l’offre de 20 milliards d’euros au fabricant de biscuits qui souhaitait devenir le leader mondial des bonbons.
Hershey’s a été fondé en 1894 par Milton Hershey, le fils d’un immigré allemand, dont la philosophie était fondée sur le partage des richesses


Il faut se méfier des apparences. Hershey’s en Pennsylvanie, qui abrite le géant du chocolat du même nom, a beau se proclamer « L’endroit le plus sucré du monde », cela n’a pas empêché le groupe de rejeter sans douceur, jeudi 30 juin, une offre de rachat de son concurrent Mondelez.

Ce dernier, installé à Deerfield (Illinois), qui fabrique les biscuits Oreo, Lu, et les barres chocolatés Cadbury, avait en effet proposé le même jour de racheter son concurrent pour 22,3 milliards de dollars (20 milliards d’euros), moitié en cash, moitié en actions. Ce montant représente une prime de 10 % par rapport à la valorisation de Hershey’s avant l’annonce de l’opération. Le conseil d’administration d’Hershey’s a voté contre la proposition, considérant qu’elle ne constituait pas « une base pour poursuivre les discussions ».


Mondelez, qui est issu de l’éclatement du groupe Kraft Foods en 2012, est le numéro deux mondial de la confiserie derrière l’américain Mars. Sa PDG, Irene Rosenfeld, a envoyé récemment une lettre d’intention à son concurrent, classé au cinquième rang, derrière le suisse Nestlé et l’italien Ferrero. Le rapprochement aurait pour but de constituer le leader mondial de la confiserie, avec 18 % de parts de marché contre 13 % pour Mars, selon le cabinet Euromonitor. Mondelez, présent dans les biscuits avec des marques comme Ritz ou Nabisco, est également propriétaire des chocolats Côte d’Or et Milka.

Un trust familial

De son côté, Hershey’s possède les chocolats Kisses et fabrique pour le compte de Nestlé certaines marques destinées au marché nord-américain comme Kit Kat et dispose de la licence pour fabriquer et vendre le chocolat Cadbury aux Etats-Unis.

Le rapprochement entre les deux entreprises ferait incontestablement du sens, notamment sur le plan géographique. Alors que Mondelez réalise les trois quarts de son chiffre d’affaires à l’international, Hershey’s est un groupe essentiellement concentré sur les Etats-Unis qui représentent 90 % de son activité.

Mais la question n’est ni un problème d’argent, ni une question de complémentarités et de synergies industrielles, mais de structure capitalistique. Même si Hershey’s est coté à la Bourse de New York, il reste en effet contrôlé par un trust familial, qui ne détient que 8,4 % du capital, mais 81 % des droits de vote.

Des avances repousées avec constance

Hershey’s a été fondé en 1894 par Milton Hershey, le fils d’un immigré allemand, dont la philosophie était fondée sur le partage des richesses. Le confiseur s’est développé en plein cœur de la Pennsylvanie, au nord-ouest de Philadelphie et a bâti autour de son usine une ville qui compte aujourd’hui une quinzaine de milliers d’habitants qui se répartissent le long de Chocolate avenue et Cacao avenue. Adepte d’un certain paternalisme teinté de charité, M. Hershey et sa femme, Catherine, créent en 1905 un trust pour financer notamment une école pour les enfants nécessiteux. Depuis, les héritiers, attachés à cette organisation, repoussent avec constance les avances des acheteurs potentiels. Dernier prédateur en date, le groupe américain Wrigley, qui proposa en 2002 de racheter la société pour 12,5 milliards de dollars. En vain.

ENTRE LA HAUSSE DES COURS DU CACAO ET LE CHANGEMENT DES HABITUDES ALIMENTAIRES, LA CROISSANCE DU GROUPE EST DE PLUS EN PLUS COMPLIQUÉE
Cette fois, Mondelez a pourtant décidé d’y mettre les formes en promettant de renommer le nouvel ensemble Hershey’s, de localiser son siège social en Pennsylvanie et de préserver les emplois, selon le Wall Street Journal, qui a révélé l’opération. Peut-être a-t-il aussi voulu saisir l’occasion d’une situation de crise pour avancer ses pions. Le procureur général de Pennsylvanie mène en effet actuellement une enquête sur des paiements indus et des conflits d’intérêts au sein du conseil d’administration de Hershey’s. Depuis, plusieurs membres ont été limogés ou ont démissionné.

Lire aussi : Chaud et froid sur le cacao
Dans le même temps, l’activité du groupe de Pennsylvanie n’est pas au mieux. Au premier trimestre, l’entreprise a dégagé un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de dollars, en baisse de 5,6 %. En 2015 celui-ci avait atteint 7,4 milliards pour un bénéfice de 513 millions de dollars. Entre la hausse des cours du cacao et le changement des habitudes alimentaires qui sont en train d’évoluer vers une baisse de la consommation de sucre, la croissance du groupe est de plus en plus compliquée. Hershey’s a tenté de réagir en 2015 avec l’acquisition de Krave, une petite société en pleine expansion spécialisée dans les snacks à la viande séchée. Mais la diversification n’en est qu’à ses débuts.
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