Dans une autre vie, il y a plus de 20 ans de cela, j'ai travaillé pendant un an pour un constructeur automobile artisanal belge. Certains le connaissent peut-être (bien que j'en doute), il s'agit d'Automobiles Gillet. A l'origine importateur de la marque Donkervoort (répliques hollandaises de Lotus 7) en Belgique, il s'est lancé au début des années 90 dans la production en très très petite série (2 à 3 par an) d'une voiture très originale (on aime ou on déteste), la Vertigo, avec un chassis en fibre de carbone et une carrosserie en fibre de verre, et propulsée par le 4 cylindres Cosworth à 260ch ou 280ch (selon la version) pour 650 kilos.
Toute petite entreprise (moins de 15 personnes) dirigée par un patron très excentrique (Tony Gillet) et débordant d'idées toutes plus folles les unes que les autres, mon passage chez Gillet pourrait alimenter un livre par toutes les anecdotes que j'y ai vécu. Mais l'une d'entre elles a peut être sa place ici.
En janvier 1995, Gillet parvient a participer au salon de Détroit. Il n'a qu'un petit stand, mais l'idée est de récolter des contacts aux USA pour éventuellement se lancer sur le marché. Il revient avec un carton plein de cartes de visites et de numéros de téléphone, mais aucun de ces contacts n'aboutira. Cependant, il parvient à convaincre Eric Bachelart, pilote belge évoluant dans l'IndyCar, d'être le gardien temporaire de la voiture sur le sol américain et d'en faire la promotion lors de ses compétitions.
A l'été 1995, l'autorisation temporaire pour la Vertigo de rouler en plaques belges sur le territoire américain arrive à échéance. Il faut penser à rapatrier le véhicule et, en faisant d'une pierre deux coups, essayer de capitaliser les quelques contacts glanés par Eric Bachelart. Problème : Tony Gillet ne parle pas un mot d'anglais. La mission m'est donc confiée, en tant que seul technico-commercial de l'entreprise, et seul pouvant parler l'anglais correctement.
Début septembre 1995, je prends l'avion vers San Francisco, pour ensuite rallier Monterey où se déroule la dernière manche du championnat IndyCar, à Laguna Seca. Je récupère la voiture auprès d'Eric Bachelart, et je file vers Los Angeles pour rencontre quelques contacts, dont ... les journalistes de Motor Trend ! De retour en Belgique, j'ai longtemps attendu qu'ils m'envoient l'article, mais je ne l'ai jamais reçu. En novembre, je quitte l'entreprise suite à un gros différent avec le patron.
20 ans plus tard, grace à la magie d'internet, j'ai enfin pu lire l'article de Motor Trend, où je suis cité à plusieurs reprises.
http://www.motortrend.com/news/1996-gillet-vertigo/
PS : Je vous ai fait la version courte. Car ce voyage professionnel très particulier a été riche en anecdotes ...